ZORAN PHOTOGRAPHE
Zoran Sojic
Photographie
TOUJOURS PLUS HAUT
J'avais à peine 18 ans, je venais d'entrer dans la vie active. Tel un voyageur qui part de bon matin, j'ai voulu découvrir Paris. J'y ai vu des merveilles architecturales, des espaces verts et un fleuve magnifique. Mais ce jour-là, pour la première fois, j'ai compris que l'on pouvait être seul dans une cité grouillant de monde. Je venais de découvrir la solitude.
Depuis, quelles que soient les villes où j'ai vécu, dans leurs chaos peuplés de spectres et de rues, j'ai croisé des âmes blessées. J'ai vu ces mêmes regards, pensifs, le front baissé. J'ai rencontré ces solitudes en quête de chemin et qui parfois, se perdent en route.
J'ai rencontré la photographie en 1978. Les images de ces vies brisées ont fini par frayer leur chemin jusqu’au cœur, mais c'est un sanglot qui a jailli. Un sanglot dans lequel l'envie d'y croire peut se noyer. La perte de reconnaissance et de dignité ouvre une blessure et vient briser le rêve d'une égalité et d'une fraternité, écho lointain tapi dans le labyrinthe de nos mémoires. Certains ont pu traverser ces déserts et transformer leur vie sans sombrer, d'autres se couchent et laissent passer la vie sans rien espérer.
Combien de fois j'ai vu sur cette place, après une nuit courte et fraîche à la Grande Ourse, passer une silhouette chargée d'un matelas sur le dos. J'ai souvent entendu les pas sourds de ces ombres matinales sur le bitume. J'ai vu aussi cet homme aux yeux remplis de silences et d'étoiles, songeur devant la beauté et l'immensité de la mer. Combien d'âmes, seules dans leurs profondeurs obscures, cherchent à rompre les nœuds de la ville dans l'espoir d'un miracle ?
Quand vient l'hiver de la vie, quand vous ont quitté vos rêves et vos luttes, et que vous passez en silence comme une ombre, quand la solitude fait du mystère des arbres et de leurs branches noires votre famille, la puissance d'un sourire, la délicatesse d'un mot doux, ravivent l'espoir et la flamme qui ne peut ou ne veut s'éteindre.
J'ai rencontré Anne lors d'une exposition « (E)au fil des Mots » où trois artistes ont mis leurs talents en commun. Auteure, lauréate du Concours de Nouvelles organisé par l'Association des Éditeurs Alpes-Côte d'Azur en 2020, j'ai tout de suite été sensible à son écriture. Depuis un moment déjà, je souhaitais travailler sur un projet de livre avec mes photos, hors contexte de Nice cette fois-ci. Je lui en ai fait part et quelques semaines plus tard, nous avons commencé à travailler sur le projet.
Zoran SOJIC
On peut toujours, pour fuir la réalité de la solitude, s’asseoir au bord de la mer, la regarder en rêvant, oublier les tempêtes et les naufrages, y laisser sombrer nos doutes. La contempler et percevoir son éternel refrain apaise le tumulte des pensées. Et c'est dans ce cœur rempli d'espoir que jaillissent, enroulés comme deux amants, l'Amour et la Lumière, prêts à chanter une ode à la Vie et à la Beauté...
Lorsque Zoran m'a proposé de mettre ses photos en textes, nous nous connaissions depuis quelques heures seulement. Était-ce un hasard ? Je ne crois pas. J'ai tout de suite été sensible à son enthousiasme et définitivement conquise lorsque j'ai vu ses photos.
Des milliers de pépites ont défilé sous mes yeux pendant notre travail de sélection. Un travail minutieux et toujours joyeux. Mais ce qui m'a le plus touchée, c'est la confiance et la grande liberté qu'il m'a accordées.
Lorsque je tourne les pages de ce livre aujourd'hui, je n'arrive plus à séparer le texte de l'image, et c'est cela que je voulais : les serrer tellement fort qu'il devient impossible de les détricoter, comme un chemin de vie.
Il y a des rendez-vous qui ne se manquent pas. Quand un Yougo rencontre une Corse, quand un exil côtoie une île, ils ont tant de choses à se dire que le projet Zor-Anne peut naître et voyager Toujours plus haut. Qu'y pouvons-nous ? Nous parlons le même langage !
Anne DEVICHI
TOUJOURS PLUS HAUT
Version souple 35€
Passionnée, fière et sincère, Nissa la Bella, Nice l'authentique, se dévoile devant l'objectif de Zoran SOJIC. Ce sont des instants furtifs, dérobés au quotidien et désarmants de simplicité, que le photographe nous offre.
Parfois âpres, parfois légers, empreints de mélancolie ou emplis de gaité, ces clichés sont un hommage vibrant et amoureux à l'essence véritable de la cité. Car Nice réserve son intimité à qui sait écouter, attentif et patient, la respiration de ses ruelles, les inspirations iodées du port, les silences de ses vestiges. Et dans le regard, les attitudes et les habitudes du peuple niçois, c'est l'âme de Nice qui se raconte.